Portrait intime et évocation d’un parcours singulier
Étonnante, l’énergie que dégage cette petite femme, presque frêle qui, sans qu’on le lui ait demandé, se déclare «triste».
Triste on ne sait pas, en tout cas austère, grave (mais le regard lumineux, le sourire aussi). Le corps en morceaux, dit-elle, à cause de la danse, cassée de partout, fatiguée, brisée (et pas seulement physiquement).
Solitaire aussi. Seule, même si entourée d’amis, de partenaires, d’élèves.
Paradoxe, elle est émouvante même quand elle ne bouge pas. À cause de l’énergie, de la tristesse et des cassures peut-être.
Débarquée un jour de 1980 à Genève, un peu par hasard, après Buenos-Aires (ses racines), New York (où elle appartint dix ans durant à la Compagnie de Martha Graham) et Londres (où elle ne trouva pas ses marques), elle y a conquis sa place, difficilement: la ville ignorait à peu près tout alors de la danse contemporaine.
En collaboration avec d’autres ilotes passionnés de modernité, Contrechamps notamment ou Jacques Demierre, Noemi Lapzeson a creusé son sillon et installé sa propre compagnie, Vertical Danse, créée en 1989, dans le sage paysage artistique local.
Les mots de souffrance, de désarroi, de désespoir même viendrait facilement à l’esprit pour évoquer la danse selon Noemi, mais on préfèrera émotion, chant profond, inexprimable sinon par le geste. Et la musique, bien sûr.
Monteverdi, Purcell, Berio, Castiglioni, Bach: faire surgir de ces musiques le geste qu’elles contiennent, qui les exprime, suggérer ce qu’elles pourraient dire, mais aussi faire surgir la danse du silence ou des mots de la poésie, tel serait le défi, tel serait le désir et, peut-être, le plaisir.
Sur Espace 2, le dimanche 5 octobre à 13h30
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